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    Nos auteurs parlent de l’Effet Théâtre !

    Découvrez l’interview de Florent Chako, scénariste de la pièce « Le football ou la poupée ». 

    Pouvez-vous nous présenter le métier de scénariste jeune public / public scolaire ?

    Pour moi, la différence principale avec le théâtre adulte, c’est qu’on va chercher un lien au public plus proche – lien qu’on pourrait, avec des adultes, retrouver dans l’improvisation théâtrale ou éventuellement le stand-up. Les comédien·nes vont chercher à se mettre au niveau des enfants, en adoptant une attitude corporelle et un langage distincts selon qu’est joué un personnage d’adulte ou d’enfant / adolescent, le but étant que les jeunes s’identifient, nous reconnaissent comme l’un·e des leurs. D’ailleurs, au moment des interactifs, les élèves nous disent souvent « tu » et s’adressent à nous comme à un·e camarade, et non pas comme ils feraient avec les autres adultes – c’est pour nous assez gratifiant, ça montre que le pari est réussi.

    Quant au rôle de scénariste, il s’agira d’écrire des situations ancrées dans leur quotidien – en salle de classe, dans la cour de récréation, avec les parents… en adoptant un langage qui leur parle, en essayant de se mettre à leur place. Le tout en distillant çà et là des apports pédagogiques, amenés par les personnages ou les situations.

    À quoi songez-vous en premier lors de l’écriture d’un scénario ?

    Pour ma part, les personnages viennent très vite, assez instinctivement. Je vais surtout réfléchir aux thèmes abordés, puis avec quelles situations les développer. Les lieux, c’est en fonction des situations, et rien n’empêche de passer de l’un à l’autre, ça ne doit surtout pas être une contrainte : paradoxalement, le fait de jouer sans décor permet d’imaginer n’importe quel lieu, comme une cour de récréation qui peut se transformer en désert où jouer aux cowboys ou en château-fort gardé par un dragon.

    Quels sont les ingrédients d’un scénario impactant ?

    Il n’y en a pas 36 : l’impact vient avant tout de l’émotion véhiculée. Il faut que les personnages passent par des séquences émotionnelles fortes (joie, colère, tristesse, espoir…) et que les spectateurs puissent être traversés avec eux. C’est l’émotion qui créera le souvenir. Le public ne se rappelle pas nécessairement un texte ou une situation, mais se souviendra des émotions vécues.

    En deuxième lieu, je pourrais ajouter la proximité entre les personnages et le public, ce qui inclut  l’usage des langages verbal et corporel, et l’ancrage dans un quotidien qui fait écho à celui des élèves.

    A ce propos, les thématiques abordées sont souvent sensibles (handicap, harcèlement, discriminations, ...). Quelle place occupe l’humour dans vos scénarios ?

    L’humour est nécessaire pour permettre la prise de recul. Ça n’empêche pas de jouer des situations violentes au premier degré, car nous traitons de sujets sérieux, mais la gravité de certaines situations doit être contrebalancée par des moments plus légers, des maladresses, des plaisanteries, qui permettent à la fois de dédramatiser (pouvoir rire de sujets pas drôles, ça soulage) et de remettre de la distance (ce que vous voyez sur scène reste de la fiction). Et puis il s’agit aussi que les élèves passent un bon moment en notre compagnie, sinon le spectacle risque d’avoir l’effet inverse de l’impact souhaité : on perdrait en efficacité à ne jouer que la gravité ou à se faire moralisateurs. Encore une fois, ce qui prime c’est l’émotion, et les messages viennent s’y accrocher.

    Vos animations et spectacles incluent toujours une partie interactive avec le public. En quoi cela consiste-t-il ?

    Pour moi l’interactivité a deux fonctions : rendre le spectacle vraiment unique pour les enfants en leur permettant d’y participer, et décortiquer ensemble les messages véhiculés avec pédagogie.

    J’ajoute que pour moi, en tant que comédien, ça ajoute du plaisir à jouer, d’une part avec la « mise en danger » (devoir s’adapter à des demandes parfois inattendues, improviser), et d’autre part ça ajoute au côté unique de chaque représentation. Au sujet du théâtre on parle de « spectacle vivant », pour moi la partie interactive rend cette expression d’autant plus vraie. J’ai des souvenirs, sur un spectacle parlant de harcèlement scolaire (Arrête, tu me fais mal) d’élèves ayant levé la main pour témoigner de leur expérience personnelle, vider leur sac, raconter des violences qu’ils avaient subies. C’était des moments extrêmement poignants.

    Pouvez-vous nous en dire plus le votre spectacle “Le football ou la poupée” dont vous êtes l’auteur ?

    C’est un spectacle sur la déconstruction des préjugés inégalitaires entre les filles et les garçons. Le procédé utilisé est celui de deux enfants qui, partant du constat que les filles et les garçons ne sont pas à égalité dans la cour de récréation, vont jouer à parcourir l’Histoire et recréer des situations à d’autres époques pour répondre à des questions (les femmes chassaient-elles à la préhistoire, à quel rôle étaient cantonnées les princesses au Moyen-Âge, est-ce que les femmes ont toujours gardé les enfants pendant que les hommes travaillaient…) dont on semble déjà connaître une réponse toute faite liée aux stéréotypes qui nous entourent (culture, croyances, interprétations scientifiques obsolètes car fondées sur des préjugés dépassés…). Je cite notamment dans mes sources l’essai Les grandes Oubliées : pourquoi l’Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq, la BD sur la charge mentale Fallait demander ! d’Emma, ou encore l’excellent podcast Chroniques du sexisme ordinaire de Marine Pétroline.

    Le spectacle remet donc les filles et les garçons sur un pied d’égalité, permet de rassurer celles et ceux qui pourraient se sentir « en dehors du moule », et rappelle des fondamentaux de respect et d’acceptation de la différence, auxquels les élèves adhèrent souvent volontiers. Il n’y a aucune raison valable de porter un jugement de valeur sur une fille qui joue au foot ou un garçon qui joue à la poupée, car chacun est libre et légitime de ses envies et de ses choix. 

    Au niveau de l’interactivité, les enfants s’en donnent à cœur joie car il y a plusieurs passages où ils « jouent » avec nous, notamment en aidant la comédienne qui s’est faite chevalier à vaincre plusieurs ennemis de leur choix, et aussi une chanson où ils ont la possibilité de reprendre le refrain. C’est un spectacle très récréatif où on leur demande de se servir de leur imagination.

     

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